Histoire
UN MUSEE INTIME ET VIVANT
Depuis 1991, le musée, installé dans l’ancienne école, expose un large éventail d’œuvres peintes et une grande collection de dessins et livres illustrés de l’artiste. Il donne à connaître la vie de Yan’ Dargent et présente toutes les facettes de son talent : paysagiste, portraitiste, peintre du légendaire, peintre du sacré, un des plus grands illustrateurs de son temps.
Le Musée Yan’ Dargent a été créé en 1991 par un enfant du pays, le bibliophile Jean Berthou. La création du musée Yan’ Dargent dans la commune natale de l’artiste a fortement contribué à susciter un nouvel intérêt pour ce peintre qui après sa mort avait été oublié.
Une collection remarquable de livres illustrés
Yan’ Dargent a apporté sa contribution à environ deux cents ouvrages et diverses revues dont une remarquable édition de La Divine Comédie de Dante (1879), ou La Vie des saints de Mgr Guérin (1884). Le musée possède une immense collection de livres illustrés par Yan’ Dargent : quelque soixante livres dans leur édition originale, des collections complètes de revues illustrées par Yan’ Dargent.
L’importance de cette collection de livres révèle le talent d’illustrateur de Yan’ Dargent. Elle permet aussi de comprendre les procédés de fabrication du livre au XIXe siècle, les techniques nouvelles de reproduction des dessins qui renforcent la place de l’illustration dans le livre (gravure sur bois de bout, lithographie…), la place des illustrateurs au XIXe siècle (Gustave Doré…), l’émergence du métier d’éditeur au XIXe siècle, les préoccupations de la seconde moitié du XIXe siècle (ouvrage de vulgarisation scientifique, contes pour enfants, foi catholique, découverte du monde…)…
Paysages et légendes bretonnes
Pour les peintures et dessins, la collection commence dès la première année du musée, en 1991, avec La Queue de l’étang de Brézal, un lieu proche du bourg de Saint-Servais que Yan’ Dargent affectionnait et qu’il a souvent peint. Yan’ Dargent fut un grand paysagiste. Il n’a cessé de peindre les paysages de son enfance, les landes, les chemins creux et les bois qu’il a fréquentés. Plusieurs tableaux au musée témoignent de ce talent : Le retour du troupeau un soir d’orage, Bord de mer à Carantec…
C’est surtout dans la représentation des légendes entendues dans son enfance que Yan’ Dargent s’est illustré. L’exposition au Salon de Paris en 1861 de la toile Les Lavandières de la nuit, admirée alors de Théophile Gautier, lui apporta la renommée. Une réplique de 1888 en est conservée aujourd’hui au Musée des Beaux-Arts de Quimper. De cette veine fantastique, on admirera au musée le tableau Les pilleurs d’épaves à Guissény, huile sur toile exposée au Salon de 1861, ou encore le fusain Vapeurs de la nuit, préparatoire aux toiles éponymes conservées aux musées des beaux-arts de Lyon et Quimper.
Le musée donne a voir l’éclectisme stylistique de Yan’ Dargent. Ses peintures religieuses montrent une facture tantôt classique, tantôt romantique.
Enfin, Yan’ Dargent fut également portraitiste et peintre de natures mortes. Un artiste complet. L’exposition permanente révèle son talent à représenter l’arbre, l’enfance, la mort, le légendaire ou l’âme bretonne.
Un musée vivant
Le musée Yan’ Dargent enrichit ses collections, accueille des œuvres et en prête. Autant de signes d’une bonne vitalité et d’une vraie reconnaissance de son rôle, comme en témoignent ces événements récents :
- Achat d’un petit paysage, huile sur toile de 16 x 22 cm, représentant des Vaches à l’étang, en septembre 2024.
- Achat de Pins à Ploudalmézeau, huile sur toile de 119 x 78 cm, en septembre 2024.
- Don de Pâtre sur les rochers de Plounéour par Xavier Le Bos Despinoy le 23 août 2024. C’était un bien de famille : Louis Despinoy (1821-1886), quadrisaïeul du donateur, était un ami de Yan’ Dargent. Ce merveilleux cadeau est un formidable encouragement à poursuivre notre travail.
- Un tableau, Les Goémoniers, a été acquis en juillet 2023 par l’association des Amis du musée Yan’ Dargent.
- Une donation a été acceptée en mai 2023 par le conseil municipal, L’onction à Béthanie (ou Le repas chez Simon). L’œuvre qui vient d’être inscrite à l’ISMH devra faire l’objet d’une restauration.
- Dans le cadre du bicentenaire de la naissance de Yan’ Dargent, le musée a été sollicité par le service Culture de la ville de Landerneau pour le prêt de trois œuvres exposées à la Galerie de Rohan durant l’été 2024 : Retour des champs le soir, Rentrée du troupeau sous un ciel d’orage et Le miracle de Saint Houardon, réplique du grand tableau éponyme conservé à l’église Saint-Houardon.
- Enfin, un tableau de Pierre Souyris inspiré des Lavandières de la Nuit de Yan’ Dargent et conservé au musée a été prêté dans le cadre de l’exposition « Mourir, quelle histoire ! » au Musée de Bretagne à Rennes jusqu’au 21 septembre 2024. Il a été également exposé à l’Abbaye de Daoulas en 2023 dans le cadre de cette même exposition.
L’ENCLOS PAROISSIAL
Saint-Servais a bénéficié de la richesse produite par la culture du lin au XVIIe siècle comme en témoigne son superbe enclos paroissial. Dans les années 1870, Yan’ Dargent décore l’église et l’ossuaire de Saint-Servais. Il dessine des vitraux, réalise des peintures murales et plusieurs toiles. Le bel enclos de Saint-Servais figure parmi les édifices les plus enrichis d’œuvres de Yan’ Dargent avec la cathédrale de Quimper et l’église Saint-Houardon de Landerneau.
Preuve de son attachement à sa commune natale, Yan’ Dargent a réalisé pour son église plusieurs tableaux : Le Christ en majesté entouré de ses apôtres, La Vierge au Rosaire, Le Baptême du Jourdain, les cartons des vitraux. Depuis, l’AMY’D, a acquis et présente dans l’église, quatre tableaux issus d’un monastère – Ecce Homo (Le Christ présenté à la foule), Crucifixion (la Vierge, saint Jean et Marie-Madeleine au pied de la Croix), Saint Benoît et sainte Scholastique, Assomption de la Vierge –, un grand tableau initialement réalisé pour l’ossuaire, La mort de Salaün le Fol, une autre version plus petite de cette légende du Folgoët.
Pour l’ossuaire, Yan’ Dargent a réalisé les peintures murales suivantes : Ar bedenn hag an aluzenn a denn an eneoù a boan (la prière et l’aumône délivrent les âmes), un Ecce Homo, le Mort et le Vif, cette dernière malheureusement détériorée en raison de l’humidité dès le vivant de Yan’ Dargent. Il a peint le tableau La Sainte Famille. Enfin, il a dessiné le vitrail.
Toutes ces œuvres ont été restaurées dans le cadre de l’important travail de revalorisation de l’enclos paroissial mené par la municipalité avec le soutien de différentes instances (DRAC, Conseil Départemental, Région Bretagne).
Lorsqu’il meurt à Paris, chez son fils, le 19 novembre 1899 et à sa demande Yan’ Dargent est inhumé dans sa paroisse natale. Puis, selon ses dernières volontés, son chef rejoint une châsse reliquaire dans l’ossuaire en 1907.